Les coopératives: un rôle central dans la lutte contre la faim


 Porto Alegre/Rome, 24 janvier 2012 - Au cours d'une réunion officielle avec le Conseil du développement économique et social du Brésil (CDES), le Directeur général de la FAO, M. José Graziano da Silva, s'est adressé aux participants du Forum social thématique 2012 qui se tient à Porto Alegre, au Brésil.

M.Graziano da Silva participait au rassemblement annuel d'organisations non-gouvernementales et de mouvements sociaux moins d'un mois après avoir pris les rênes de l'agence onusienne qui se consacre à l'amélioration de la sécurité alimentaire.

Le Directeur général de la FAO a mentionné le fait que les Nations Unies avaient déclaré
2012 Année internationale des coopératives, reflétant ainsi non seulement un intérêt renouvelé pour leur action mais aussi la nécessité d'une plus grande sensibilisation à la valeur de leur approche multidimensionnelle.

M.Graziano da Silva a déclaré que la FAO allait intensifier sa collaboration avec les organisations de producteurs et les coopératives agricoles, alimentaires et rurales qui ont une influence bénéfique sur les petits agriculteurs au niveau organisationnel, économique et social, sur les populations pastorales et tous ceux qui dépendent de la pêche et des forêts pour subvenir à leurs propres besoins.

"La FAO doit pouvoir compter sur les partenaires clés que constituent des coopératives et des organisations de producteurs fortes afin d'éliminer la faim dont souffrent quelques 925 millions de personnes et de répondre aux nombreux défis auxquels notre monde fait face aujourd'hui.

"La FAO s'engage à mettre en avant et à partager les preuves de l'impact des coopératives et des organisations de producteurs sur la sécurité alimentaire dans le monde, ainsi qu'à  renforcer ses liens avec ces groupes", a déclaré M. Graziano da Silva.

Qu'elles soient de petite taille ou qu'elles brassent des millions de dollars au plan mondial, les coopératives opèrent dans tous les secteurs de l'économie, tant urbaine que rurale. L'Alliance internationale des Coopératives estime que les coopératives comptent plus de 800 millions de membres. En 2008, les 300 plus grandes coopératives du monde ont réalisé un chiffre d'affaires cumulé de 1 100 milliards de dollars, comparable au produit intérieur brut (PIB) de nombreux grands pays.

L'expérience a montré que lorsqu'ils font partie d'un grand groupe, les petits agriculteurs et autres producteurs gagnent en pouvoir, pouvant ainsi négocier de meilleures conditions contractuelles et faire baisser les prix des intrants agricoles, notamment les semences, les engrais et le matériel de pêche, réduire les risques et avoir assez d'influence pour garantir leurs droits fonciers et trouver de meilleures opportunités sur le marché.

M. Adalberto Martins, l'un des leaders du Mouvement des Paysans sans terre (MST) au Brésil et membre d'une petite coopérative agricole, a déclaré que "les coopératives jouent un rôle primordial pour la création d'un nouvel environnement social et contribuent à l'organisation de la production. Sans leur apport, il sera très difficile d'atteindre la sécurité alimentaire à un niveau durable".

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Près de 75 pour cent des pauvres vivant dans les pays en développement sont en zone rurale. La plupart sont de petits producteurs qui dépendent directement de l'agriculture, de la pêche, de la sylviculture et de l'élevage pour leur alimentation et leurs revenus, mais qui n'ont pas accès aux ressources et aux opportunités nécessaires pour se sortir de l'extrême pauvreté.

En 2011, plus de 180 programmes et projets de la FAO ont contribué à renforcer les capacités des organisations de producteurs, des coopératives et des groupes communautaires locaux afin qu'ils puissent atteindre leurs objectifs organisationnels. Ils recouvraient un éventail d'activités et d'interventions dans de nombreux pays:

·         Dans le district Lempira Sur au Honduras, où l'agriculture sur brûlis contribuait à la dégradation des ressources naturelles, les conseils de développement locaux représentant les familles paysannes ont accru le pouvoir des communautés dans la prise de décision au niveau municipal. En définitive, elles eurent une influence déterminante pour l'adoption de meilleures mesures de gestion des ressources naturelles et l'interdiction d'utiliser les pratiques d'agriculture sur brûlis. Elle favorisèrent également la réintroduction de techniques autochtones moins dommageables pour l'environnement.
·         Dans 8 pays à travers l'Afrique, la FAO a contribué à renforcer les relations entre les organisations d'agriculteurs et les acheteurs de produits divers tels que le coton, le manioc, l'huile de palme et le riz.
·         Au Niger, des agriculteurs pauvres, géographiquement dispersés dans les zones rurales et ne pouvant avoir accès à un crédit bancaire conventionnel, sont en mesure d'utiliser les produits agricoles stockés comme garanties par le biais d'un système de crédit sur inventaire, encore appelé "warrantage". Une coopérative fournit des lieux de stockage pour les petits producteurs et les stocks constitués fonctionnent comme un compte d'épargne. Ce système leur donne les moyens d'accéder au crédit.
·         A Fidji, la culture de la papaye a connu une phase de transition d'une horticulture traditionnelle à une agriculture exportatrice. Une coopération nationale a apporté son concours à l'amélioration des flux d'information, des opportunités de commercialisation et de la qualité et la consistance de la production.
 
Organisations et mouvements paysans, pêcheurs, jeunes, populations pastorales et autochtones, tant au niveau régional qu'au niveau international, ont toujours joué un rôle fondamental dans les processus d'élaboration des politiques, participant aux négociations en cours, dans le cadre du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, pour établir des directives volontaires sur la gouvernance responsable des régimes fonciers des terres, pêches et forêts.

M. Graziano da Silva a en outre annoncé que la FAO prévoit l'ouverture au siège de l'Organisation à Rome de bureaux de liaison pour les coopératives, le secteur privé et la société civile.

Babacar Sene, Agropasteur


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