TEY DE ALAIN GOMIS: L'ABOUTISSEMENT D’UNE VIE

 Tey (aujourd’hui) du réalisateur Alain Gomis est sorti en 2011. Avec des tetes d’affiche comme Saul Williams, Aissa Maïga, Anisia Uzeyman ou encore Djolof Mbengue, le long-métrage retrace le dernier jour d’un homme qui sait qu’il va mourir.


Dans  son 3ème long métrage, TEY (Aujourd'hui) le alisateur Alain Gomis montre à son public le dernier jour d’un condamné. Satché, le personnage principal vit son dernier jour. Il se retrouve emporté dans les méandres de la routine urbaine, tentant de capturer ces moments ultimes de son existence. Ce sont alors des travellings avant et arrière sur « de petits incidents disparates ». La tasse de thé, les gestes du vendeur de « Tangana », les enfants qui s’affairent à leurs jeux, sa femme, interprétée par Anisia Uzeyman, qui va et qui vient, les rues d’une ville qui grouille de gens et de mouvements. Les gros plans de la caméra sur les petits riens que Satché regarde une dernière fois, confère au film une dimension psychologique qui, pour reprendre les mots du producteur Oumar Sall, sont une invite à la réflexion et à l’intrusion dans la vie du personnage. Le spectateur voit, du point de vue de Satché, une réalité profonde et grossie à souhait d’une ville colorée et de ses recoins.

Saul Williams, interprète principal a réussi à habiter le personnage, une tâche qui n’a pas été de tout repos : « c’était difficile pour moi car les neuf mois avant et les deux mois pendant le tournage je devais me mettre chaque jour dans la peau de quelqu’un dont c’était le dernier jour ». Mais pour Williams, « contempler ainsi la mort permet d’acquérir une sorte de sagesse car on célèbre et apprécie chaque instant de la vie comme si c’était le dernier ».

Le film s’est également voulu une fenêtre à peine ouverte sur l’activisme, les mutations et mouvements sociaux qui ont sous tendu la période électorale de février 2012 au Sénégal. Le réalisateur montre en filigrane « la douce et intelligente révolution sénégalaise », des évènements qui ont conduit à la deuxième alternance démocratique du Sénégal. L’engagement d’Alain Gomis se traduit à travers les images vivantes et réalistes prises spontanément au plus fort de la révolte populaire. Le cinéma après tout est un « moyen d’expression et un instrument de débat public ».

Avec Saul Williams, la rwandaise Anisia Uzeyman, la franco-sénégalaise Aissa Maiga, les sénégalais Djoloff Mbengue et Thierno Ndiaye Doss sont entre autres grands noms du monde du cinéma qui figurent dans le casting de Tey.

Le film a marqué le retour du Sénégal dans les grands rendez-vous cinématographiques desquels notre pays était pratiquement absent les années précédentes. Le long métrage a eu 33 sélections et 7 grands prix lors de festivals à travers tout monde. Avec le meilleur rôle masculin pour Saul Williams, Tey a valu au Sénégal sa deuxième distinction au Festival du film africain de Khouribga au Maroc en 2012. En 2012 toujours, le film a été sélectionné en compétition officielle au 62ème Festival de Berlin et a reçu entre autres le « Prix Emering master » au 38ème Festival international du film de Seattle, le Prix du meilleur film au Festival du cinéma de Milan, le Griot du meilleur long métrage de fiction et celui de la meilleure interprétation masculine à Cordoue. Tey a été Etalon d’Or de Yennenga en 2013 lors de la 23ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) en 2013.


Une version de cet article a été  publié originellement dans Sud Quotidien.


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