ALIOUNE TINE SUR LA CRISE MALIENNE « ON A DEPASSE LES LIMITES DE L’ACCEPTABLE EN MATIERES DE DROITS HUMAINS »
La crise
sécuritaire et l’intervention de la France au Nord Mali ont été entre autres
points au menu d’Objection sur Sud FM. Le dimanche 13 janvier, Baye Oumar Gueye s’est
entretenu avec le Secrétaire Général de la Rencontre africaine des droits de
l’homme (RADDHO) sur ce que Alioune Tine a appelé le plus grand défi
sécuritaire de la sous-région et de la communauté internationale.
Pour Alioune,
la sous-région ouest-africaine n’a jamais fait face à des menaces de cette
ampleur. En effet, c’est un véritable étau qui semble se resserrer autour de la
région avec notamment Bokko haram au Nigéria, al Qaeda au Maghreb, et les
groupes islamistes armés au Mali.
Depuis le coup d’État du 22 mars de l’année
dernière qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré, une véritable
catastrophe humanitaire sévit au Mali. Alioune Tine a déploré la présence de terroristes
lourdement armés qui détiennent plus de deux tiers du territoire, coupent des
mains, violent et détruisent impunément les mausolées de saints africains.
« On a dépassé les limites de l’acceptable en matière de droits
humains » a constaté le secrétaire général de la RADDHO face à Baye Oumar
Gueye.
Alioune Tine
pense ainsi que l’intervention militaire est un impératif catégorique pour les
états africains qui doivent assurer la sécurité de leurs populations et défendre
leur intégrité territoriale. Le défenseur des droits humains a appelé les Etats
à mutualiser leurs forces car leur sécurité voire celle de l’Europe est en jeu.
De son point de vue, ce qui se passe en Afrique de l’ouest peut conduire à
d’autres 11 septembre. « Les deux tours du World Trade Center n’ont pas
explosé de l’intérieur » dira-t-il. Il ajoute qu’il est plus facile de
quitter le Mali que de quitter l’Afghanistan pour les Etats Unis. C’est ce qui
justifie l’intervention française. D’après lui, les pays occidentaux défendent
leur propre sécurité mais aussi leurs intérêts. « L’Afrique de l’Ouest compte près de 300
millions de personnes, avec énormément de ressources stratégiques, dont l’uranium
et le pétrole ».
Alioune Tine
a appelé l’opinion africaine et les médias à prendre conscience de l’ampleur de
la crise et à se mobiliser pour bouter
les terroristes hors du continent. Pour lui, les médias ont un rôle à jouer et
doivent prêter une attention particulière à la crise. Il a ainsi appelé les journalistes à arrêter de
traiter la question sous la forme de chiens écrasés. « Il faut que le Mali et
la sous-région reviennent en force dans les réflexions et dans les
médias » a-t-il plaidé. Les imams et chefs de confréries ont aussi une
responsabilité. Selon lui, la crise
les interpelle au premier chef. « Imaginez que des gens s’attaquent
aux mausolées des saints à Touba ou à Tivaouane ». Alioune Tine pensent donc que les hommes religieux doivent
sensibiliser et montrer « qu’on a un islam à visage
humain ».
Alioune Tine
a annoncé que la RADDHO organise une conférence sous régionale sur la sécurité
humaine, les dynamiques de paix et de réconciliation. Il ajoute qu’il s’y
tiendra un panel des prix Nobel de la paix pour lancer un appel pour la paix et
la réconciliation en Afrique.
Le défenseur
des droits a prôné la création urgente d’un groupe de contact international sur
le Mali, lequel aura à sa tête un diplomate africain avec une solide
expérience. Il pense en effet qu’il ne faut pas exclure la voie diplomatique de
résolution du conflit. Dans ce sens, il s’est félicité du recentrage très net opéré
par le Président Macky Sall sur la sous-région. Une stratégie opportune de
promotion de la diplomatie sous régionale selon le principe des cercles
concentriques, Alioune Tine pense que la sécurité du Sénégal dépend de la
sécurité du Mali et des autres pays.
Ndèye Débo SECK
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