Les jeunes créateurs prennent leurs marques



Du streetwear à l'ethnique chic, en passant par le casual, la mode urbaine connait une véritable expansion à Dakar. Bien plus qu'une tendance ou un effet de mode, cet essor est porté par de jeunes créateurs sénégalais qui ont la passion et l'abnégation en bandoulière et qui essaient tant bien que mal de répondre aux exigences de leurs professions.

© Sidy Mohamed Kandji
De plus en plus, les jeunes sénégalais se lancent dans la création et le design de vêtements. Ces marques made in Sénégal tancent le classicisme parfois rêche ou plat des complexes et maisons de couture avec des noms accrocheurs et un code vestimentaire attractif. Les créateurs bousculent les codes conventionnels et offrent une ligne de vêtements à la fois portables et chics, à la frontière entre le moderne et le traditionnel, le tout dans des tons colorés, terre ou pastel. Ils ont recours à des matériaux « locaux » ou achetés sur le marché local, le pagne « africain » communément appelé wax, le lin, le denim, les voilages, le cuir ou encore le pagne tissé.

Hors des sentiers battus, des défilés de mode classiques et des boutiques localisées, ils tiennent des séances de shooting, organisent des flashmob, montent des sessions de vente privées et des expositions. Pour le coup, la stratégie marketing se fait à travers le bouche à oreille ou une page facebook. Si les créateurs s’adressent à une clientèle potentiellement jeune, ils n’en visent pas moins toutes les franges de la société. Hommes et femmes, cadres, étudiants et Sénégalais lambda. Il y en a pour tous les goûts et aussi pour toutes les bourses. Mame Yacine Sy, promotrice de la marque Gnéméma et Milcos Badji, fondateur de Nio Far, sont formels là-dessus. Tout le monde peut s’offrir leurs créations. Avec les difficultés inhérentes à la création d’entreprises, l’implantation de ces entreprises ne s’est pas faite sans douleur.

Gnéméma

Mame Yacine, raconte ainsi qu’elle a débuté dans un garage avec tout juste une machine. Mais ça c’était-il y a près de 7 ans. Entre temps le bébé a grandi et marche tant bien que mal sur ses pieds. L’entreprise compte à ce jour une équipe de 8 personnes, sur pied du lundi au vendredi, de 9 heures à 23 heures. Le wax, le jean et le cuir sont les matières de prédilection des vêtements et accessoires Gnéméma. Au finish, un assortiment savant qui donne de l’allure et de la prestance tout en restant naturel. Un esprit Gnéméma, un style propre qui dénote le voyage et l’enracinement que Mame Yacine incarne à souhait. Avec sa dégaine de sénégalaise bon teint, son joli twist out, une jupe droite en pagne et un chemisier en soie qui mettent en valeur sa silhouette généreuse, cette jeune femme-là en jette, elle est belle et bien dans sa peau. Pour la petite histoire, elle n’a pas eu de formation en matière de couture ou de stylisme, elle est plutôt diplômée d’une grande école de commerce. Pour autant, elle reste déterminée et ambitieuse, son souhait: se professionnaliser et mettre sur pied une maison de création.

Nio Far

Un autre label est en train de s’imposer dans le Dakar qui bouge, Nio Far by Milcos. Toujours un sourire en coin, le teint noir, et les cheveux crépus ébouriffés, El hadj Malick Badji, Milcos pour les amis et la marque  est de ceux qui prennent la vie du bon côté. Ce que le nom de sa marque indique bien. Nio Far, littéralement « on est ensemble », évoque la convivialité et la complicité. Avec son rire franc et communicatif et dans une mise à la fois impeccable et sobre, Milcos Badji incarne à souhait cet esprit. Il est le premier ambassadeur de sa marque ; d’ailleurs les habits qu’il dessine sont avant tout des tenues qu’il peut porter ou qu’il peut apprécier. A ses débuts en 2010, la marque faisait strictement du streetwear. Ensuite la gamme s’est élargie au casual chic. Les créations Nio Far sont relax et élégantes, les coupes sobres et confortables, tout en gardant la touche street. En dépit des difficultés, le jeune homme garde le cap. En plus de sa passion pour la création, il continue ses activités professionnelles. El Hadj Malick a complété un diplôme d’Ingénieur en Informatique. Il fait de la consultance et gère avec des amis un site d’informations et une agence de communication.

Originellement publie dAns le Sud quotidien du 03 MArs 2014 
http://www.sudonline.sn/les-jeunes-createurs-prennent-leurs-marques_a_17762.html

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